Automne
Heureusement il y a l’automne, un baume
Ce mot, automne, ne gratte pas, un baume.
Une saison a dû passer depuis mon dernier passage ici. C’est que vous voyez, tout gratte beaucoup trop. J’en ai perdu ma peau, plusieurs fois. Quand elle m’a quittée je dois alors tout recoller, lambeau après lambeau. Mais heureusement l’automne. Mille soleils à chaque arbre avant l’hiver qui toque. Alors. Ce baume qu’est l’automne pour moi, je dois le partager. En vrai, tout ça pour dire que dans cette lettre il n’y aura que de la joie ou de ces choses qui stimulent l’esprit. Donc oui, que de la joie.
J’ai pas mal lu ces derniers mois. J’ai pas mal écouté. J’ai pas mal vu. J’ai écrit aussi. Des choses douces comme la chaleur dorée et basse d’un automne.
« Nos peaux de feuilles pliées sous un voile d’ombres de plus en plus anciennes »
C’est un bout de phrase dans un livre. « Cénacliaires ». Un livre étrange comme sait les faire la maison Abrüpt. C’est une oeuvre à vocation encyclopédique. Écrite au XXXIème siècle. 31ème, ce n’est pas une faute de frappe. À en croire les mentions sur l’ouvrage, le livre est de Nor Do1. Une anthologie fragmentée de la poésie creusée par des femmes à travers les siècles, du XIXème au XXVIème siècle précisément.
Mais, le monde sonne encore faux — et pour longtemps peut-être — et lire ne sert à rien : il faut frapper
Cette maison d’édition n’est pas comme les autres, à l’image des livres qu’elle propose. Chaque livre existe sous différents formats. Ainsi donc, j’ai téléchargé le PDF gratuitement pour le feuilleter confortablement sur écran. Puis je l’ai commandé chez mon libraire pour toucher l’objet. Après l’avoir lu, je me suis baladée dans son antilivre.
Le langage est dans le fond d’un vase ébréché, il faut avoir du courage pour s’approcher, se pencher, se pencher une fois seconde, et ne pas tomber…
Pour découvrir l’univers de ce livre, commencez par ici !
Je reste en terre de poésie, c’est une île. Peut-être. Peut-être connaissiez-vous Sabrina Calvo pour ces bouquins de SF, cyberpunk ? Et bien elle a dans ses mains aussi, entre ses doigts aussi, une matière fragile qu’elle couds avec une finesse puissante.
C’est comme me réparer tu vois. Je reprise cette nouvelle peau et j’ai l’impression de me donner une chance. De frôler, de frémir — une trame donnant élan à cet épiderme qui hésite.
Mais cette vie-là demande. toujours. plus. de. lumière. est un livre épais comme du miel, pas trop sucré, celui de l’arbousier, cette pointe si parfaite d’amertume. Publié par les éditions du commun.
et j’ai su que les araignées roses étaient passées sous ma peau, qu’elles avaient tissé leur toile là. De ma surface j’ai tiré leurs fils de soie et, dans la cascade, j’ai composé à la lueur de mon épiderme un déshabillé ruisselant.
Je disais j’ai écouté
Tiens donc, les podcasts reviennent dans ma vie. Je n’en écoutais plus vraiment. Peut-être une pointe de triste jalousie de n’en plus faire. Et voilà que j’ai découvert Esprit critique de Médiapart. Je n’en rate pas un épisode. Ça parle de théâtre, de bouquins, d’expos, de films. Et j’adore. La bande de critiques est hyper érudite mais « simple ». En l’écoutant, je n’ai pas le sentiment d’être renvoyée à mon inculture. Il y a l’animateur et trois voix invitées qui osent ne pas aimer ce que tout le monde aime, qui rient, qui donnent envie.
Ce que j’ai binge-écouté tout récemment, c’est « Brouillon » le nouveau podcast de
, le journal d’une wannabe écrivaine. Ce sont des notes vocales, qu’elle partage à la volée sur l’écriture de son roman.Tiens, en parlant d’écriture. J’ai terminé (ou stabilisé) un manuscrit. François Bon m’a fait le plaisir de le lire et ensuite on en a parlé. C’était précieux ! Et le 10 novembre, avec lui et quelques autres, je vais accueillir leurs retours de beta-lecteurices… Hâte et peur à la fois. J’ai commencé ma quête de la maison d’édition qui serait celle faite pour ce texte. Affaire à suivre… Normalement, en écriture, je n’aime pas, voire je déteste les trois petits points… Mais ici, le chemin est tellement… parsemé de pointillés… Tu vois le genre ?
Et j’ai vu
Je suis allée au Tate Modern. Un coup de cœur, c’est pas compliqué. Le photographe Josef Koudelka, dont je n’avais JAMAIS entendu parler. Ouais c’est comme ça les choses et les gens on passe à côté complètement.
J’ai acheté un petit livre rempli de ses photos. Une photo, une page blanche, une photo une page blanche. Je vais remplir les pages blanches. Ce sera mes prochaines semaines d’écriture.
Oh une lecture performance de Laura Vazquez, c’était la semaine dernière pour son livre LES FORCES aux éditions du sous-sol. Je ne l’ai pas encore lu. Il est posé sur mon bureau. Non sur ma table de chevet. Je ne l’ai pas lu car comme j’écrivais sérieusement cette année, je ne voulais lire que des choses lointaines. Cette écrivaine dégage tout à la fois une grande force et une immense fragilité. J’aime toujours comment elle répond, après sa lecture, aux questions qui lui sont posées. Une vraie franchise. C’est bien ça. Quelque chose de juste.
Tu sais quoi ? Là, dans mon lit et sur mon clavier, ça me fait un bien fou d’évoquer des choses aimées. Comme appuyer sur pause. Comme dire je n’en peux plus je m’en vais aimer et reviendrai me battre alors. Comme ce monde nous vide. Comme il nous dévore à nos corps défendants. Heureusement l’automne.
(Toi tu as aimé quoi ces derniers temps ?? ⬇️⬇️⬇️
Les deux auteurs sont Marie-Anaïs Guégan et Thomas Lossec, qui se sont rencontrés dans des forums de « Role Play Littéraire »







Contente de te revoir Rebecca et de te lire. Danièle