Trouble
Un texte présélectionné pour publication dans la revue Pourtant, mais finalement non. Alors qu’il vive ici.
Le prochain numéro de la revue Pourtant paraît ce mois-ci. Le thème de l’appel à écriture ? Trouble. J’avais soumis un texte, retenu en phase de présélection avec 49 autres (Joie Ô Joie). Malheureusement, il ne fait pas partie de la quinzaine qui donne corps au sommaire définitif (Snif Ô Snif).
Je vous propose ici ce texte, autant qu’il existe non ?
Tremblement du pied posé enfin sur le sable. Tomber à genoux et les vagues ne lèchent pas dévorent. La mer est une gueule sombre particules en suspension souvenirs d’anciens voyages aux corps avalés. Haïr le sel. Ne plus jamais te Retourner. Regard plus vieux que les yeux de mirages lessivés. Mirages rêve cauchemar Par là il n’y a rien que du sable dans les poches et un bout de papier un numéro une ville une parenté. Ne. Pas. Les. Oublier. Embarquer. Ouvrir une porte c’est partir du dedans. Quitter le dedans de soi là où s’entassent les contes, les ratures les aïeux. Tout ce qui s’évanouit. Dehors une lumière une liasse de billets et de doutes. La fierté tout autour asphyxie la peur au milieu. Une main sur l’épaule te pousse. Quitter. Une légende sous le vent devient un chemin. Qu’il faudra suivre. Chaque soir murmurée. Une légende tapie sous le lit. Dans le brouillard, on ne reconnaît pas le monstre qui d’une pluie fait arc-en-ciel, celui que tu avais un jour dessiné. Croire. Boire à la fontaine tu ne le fais plus. Couleur de la terre. Troubles l’eau et les pensées. Les prières aussi emportées par la brise puis tombent en picotements sur les épaules. Il en va des psalmodies comme de la pluie. Avoir soif. Pleurer. Le sommeil s’évapore pourtant la rosée n’est pas venue. Voile sec sur la peau. La poussière arasbesque l’horizon. A tes pieds la terre craquelée tu vois au travers au-delà. Rêver l’océan. Nager l’océan. Embrasser l’océan. Lécher l’océan. Prendre l’océan. Flotter. Entrelacs de brindilles jolies brindilles d’anciens bourgeons. Mais le feu. Sous l’acacia ombre et fumée dansent et avancent. Elles sont l’une et l’autre à la fois et crépitent. Leurs voix à l’unisson s’emparent de l’air et de la terre. Couvrent le ciel. Infestent les pores. Inondent les gorges. Brûler.
Ce texte fait étrangement écho à un livre lu et aimé récemment, dont je vous parlerai la semaine prochaine. Sur ce, que votre semaine soit belle et qu’elle gratte !
N.B. : l’idée d’un cercle de lecture ne semble pas vous emballer, ce n’est pas grave ! Continuons à lire, à notre rythme, à être curieux.