Je ne suis pas très « bilan » en général, je passe d’une année à l’autre sans me poser de questions. Ouep, ma vie est un long fleuve tranquille… jusqu’à cette année 2024.
Ce texte sera donc un tout ce que vous ne saviez pas et ne demandiez pas à savoir sur mon année 2024. Ce ne sera pas une analyse de type faire des obstacles des opportunités, cinq échecs pour réussir ou je ne sais quoi d’autre. Juste ma minuscule réalité, rien de grave, mais des choses qui bousculent.
1er trimestre 2024
Fin février, ma mission pour la ville de Rouen s’achève. Je pilotais la candidature de la ville pour le titre de Capitale européenne de la culture 2028. J’y ai consacré exactement 26 mois, 7 jours sur 7, un sprint et un marathon à la fois, 3 jours vraiment Off en tout et pour tout sur la période et, c’était génial ! J’étais entourée d’une équipe de rêve, j’ai super bien bossé avec le maire de la ville (vous n’imaginez pas à quel point ça compte, c’est précieux et essentiel dans ce genre d’aventure !), j’ai rencontré des artistes dingues de beauté et de puissance, des asso combattantes, des lieux magiques, j’ai découvert des coins d’Europe où je n’aurais jamais mis les pieds sans ce projet, que j’ai pu conduire de bout en bout en étant à 100% alignées avec mes valeurs. WaWW !
Et puis le projet s’est terminé.
J’avais besoin de souffler, de reprendre ma respiration. Épuisée.
Entre temps à l’été 2023 nous avions déménagé de Madrid à Toulouse, enfin, moi je vivais essentiellement à Rouen. Début 2024, je pose enfin mes valises dans la ville rose. Je respire. Je me balade, je lis, je lis, je lis. Je prends quelques semaines de vacances.
2ème trimestre 2024
Il va être temps de me remettre au boulot.
Pendant plus de deux ans, je ne vivais pas là où ma famille habitait. Je vivais valise à la main. Épuisée.
Alors que faire ? J’ai un statut d’indépendante. Mon réseau pro est essentiellement à Paris et en Normandie. Pendant 10 ans, les missions venaient à moi, j’avais juste à choisir, j’étais de plus en plus sélective pour faire ce qui m’intéressait vraiment. Par contre, à Toulouse, je ne connais encore personne…
Alors quoi, je vais reprendre ma vie avec valise ? Je me dis qu’après presque 10 ans de free-lance, retrouver un poste de salariée, retrouver une équipe (nostalgie de Rouen2028…), moins voyager serait l’idéal. Je consacre donc chaque jour un temps à éplucher les annonces : Indeed, France Travail, emploi territorial, profil culture… Rien ou presque. Je commence à bader :
mon profil ne correspond à aucune annonce
tout ça (24 ans d’expérience) pour ça (le vide)
Je ne veux pas postuler à des fonctions que j’ai occupées il y a 15 ans, je reste sélective. Tout au long de l’année, je vais postuler à 15 reprises. Un seul entretien, soldé par un échec.
3ème trimestre 2024
En parallèle, j’assure tout de même quelques missions, qui me font retourner en Normandie et à Paris. Toujours enthousiaste, mais rien de significatif. Après avoir dit à tous mes clients depuis janvier 2022 « mission exclusive jusqu’à nouvel ordre », ils sont passés à autre chose. Donc je travaille peu et pas assez, je n’ai pas droit au chômage.
Je déteste 2024 et je continue à découvrir ma nouvelle ville.
Une belle chose durant ce 3ème trimestre tout de même ! Pour la première fois, j’emmène ma famille - mon mari et mes deux enfants - au Ghana. Ils rencontrent un oncle et une tante. Je suis très fière d’avoir osé ce voyage. Je suis chaque jour très émue. Ça me fait un bien fou.
Poussée par un drôle d’instinct filial, je me reconnecte à mon père. Le temps de deux messages WhatsApp. Si vous avez lu un deux trois, vous savez que mon père n’est pas mon meilleur pote. Après deux messages donc, il me demande de l’argent. Mes efforts (oui, deux messages WhatsApp pour moi et le concernant relèvent de l’effort surhumain) s’écroulent. Je le ghoste. Ce n’est pas l’année pour m’infliger ça.
Je déteste 2024, je déteste mon père et je bois un café tôt le matin aux terrasses des cafés toulousains.
De belles rencontres jalonnent mon chemin, principalement dans le milieu culturel. Je suis invitée à rejoindre le comité éditorial de la revue NECTART (Joie Ô Joie). Je travaille sur une réponse à un appel d’offre de la Région Occitanie pour une étude transfrontalière sur les Droits Culturels, consultation que nous gagnions avec mon compère toulousain (Joie Ô Joie). Je bosse pour le Métronum en animant une rencontre sur les enjeux d’égalité, de minorités. Loin d’être suffisant pour remplir mon agenda et mon frigo.
Je déteste 2024, je déteste cette solitude non choisie et je marche dans Toulouse.
4ème trimestre 2024
Et l’écriture ?
J’ai du temps pour écrire, j’écris peu.
Enfin si, j’ai écrit un recueil, intitulé Sous l’arbre, envoyé à des maisons d’édition qui se font bien silencieuses. Peut-être l’envoyer à d’autres.
De temps en temps les ateliers de Laura Vasquez. Et des ateliers en présentiel, enfin ! Ce n’est que cette année que je découvre l’écriture en un lieu partagé, en présence de corps, loin des écrans. Un week-end autour de Milène Tournier au Vent des Signes, puis un atelier conçu par Agathe Raybaud à la ContreCave. C’était à chaque fois, magique.
J’ai du temps pour écrire, j’écris peu mais chaque jour.
Je crée une newsletter (coucou vous !), pour écrire sans écrire forcément. Pour partager des mots sous le prétexte de mots (qui grattent). Je ne sais pas qui lit mais l’exercice me plaît. Il est solitaire et à la fois collectif, il est simple au sens de sincère, direct, intime.
Mon livre ? C’est drôle, je continue à avoir des retours enthousiastes, c’est génial ! Et pourtant, je n’ose pas faire ce dont je rêve timidement. J’aimerais qu’il soit mis en voix, voire en scène. Quand j’en parle on me dit carrément envoie-le ! quand je l’envoie je n’ai pas de réponse quand je n’ai pas de réponse je n’ose plus l’envoyer. Je n’ai pas non plus osé le proposer dans les librairies où j’ai pris mes habitudes. Comment faire d’un objet personnel un mouvement collectif ? Bref, point mort.
Ce que je sais, c’est que j’ai besoin ou envie de retrouver une communauté d’écriture et jusqu’à ce jour, il n’y a qu’au Tiers Livre que je me suis sentie vraiment faire partie de quelque chose, d’un groupe.
Ha oui et en fin d’année, j’ai enfin quitté Instagram ! Ces 3 dernières années, j’ai quitté Facebook, puis Twitter et maintenant Insta. L’année s’est donc conclue sur une bonne nouvelle : je récupère du temps et mon attention !
Pour 2025, pas de résolution, je n’en prends jamais. Ne m’habite que l’envie que l’année soit plus douce que la précédente. Retrouver le chemin d’un épanouissement professionnel, la seule véritable ombre qui voile le paysage devant moi.
Et vous 2024 ?
Je vous souhaite une belle semaine et pour cette année qui débute, que vous trouviez les espaces de respiration profonde dont vous avez besoin, d’un souffle écarter les ombres de vos paysages.
Chère Rebecca
Une rouennaise vous écrit (enfin Sottevillaise exactement).
Merci pour ce récap vrai qui évoque tes galères de 2024. Mais il y a toujours quelques éclats de lumière, des lueurs laissant entrevoir des jours meilleurs.
Je pense qu'effectivement les ateliers sont des bouffées d'oxygène autant pour écrire que pour faire de belles rencontres. Et se confronter à ses propres mots et aux mots des autres.
Et selon, l'animation, ça permet d'évoluer, de découvrir des moyens différents de ses propres habitudes pour créer.
Je suis sûre que 2025 sera propice à une année "balaise".
Au plaisir de continuer à te lire (et à rattraper mon retard).
Coucou Rebecca. C'est toujours un plaisir de te lire et d'avoir de tes nouvelles. Moi aussi je fais les ateliers de Laura Vasquez. Ne lâche pas, tu as vraiment du talent, c'est génial que tu écrives tous les jours (oui j'ai aussi fait son atelier "écrire tous les jours"). Je t'embrasse