Croire. Ajouter foi, estimer vrai, tenir pour véritable, être persuadé.
Quel est le périmètre de ce que l’on croit ?
Savoir. Avoir la connaissance complète, appréhender par une acte cognitif.
Quel est le périmètre de ce que l’on sait ?
J’imagine flottant devant moi dans l’air, deux cercles. Je tente, les faisant pivoter dans ce plan, d’identifier des intersections. Je tente, les superposant par un geste de l’esprit, de vérifier si l’un possède l’autre. Puis ils s’effacent. Que crois-je ? Que sais-je ? Je crois savoir. Je sais croire. Je distingue. Je divise en parcelles le champ de mes savoirs. J’écarte le ruisseau des croyances, plus loin. Je retourne la terre de mon champ. Je reconnais les graines, les recouvre, elles germeront. Que crois-tu ? Que sais-tu ? Croire coule de source. Un mouvement simple, un amont rassurant un aval rafraîchissant. Le ruisseau ne traverse pas le champ. Dans le plan devant mes yeux, deux paysages, distincts qui jamais ne se frôlent. Souvent le ruisseau précède mais il disparaît là où les graines ont été semées.
Que croit-on ? Que sait-on ?
Cette question me travaille depuis longtemps. Elle m’habite et est une alliée. Tout comme le doute. J’aime cette image de deux cercles, deux cercles qui nous construisent. Enfant, on croit. Puis, petit à petit, on apprend à savoir.
Je ne sais ni ne crois que l’on puisse, un jour, se passer radicalement, totalement du cercle croire. Mais ce qui m’intéresse, c’est d’avoir conscience de ce cercle, de ce que je décide d’y laisser ou d’y placer, d’avoir conscience de son expansion, de garder le contrôle de son évolution. Ce qui m’intéresse, s’agissant du cercle savoir, c’est de comprendre son fonctionnement. Un objet, soit-il et surtout immatériel, peut passer du cercle croire à savoir. L’inverse est impossible. Une fois que l’on sait, on ne peut plus croire, puisque l’on sait. Ce qui m’intéresse c’est de repérer les choses, soient-elles immatérielles et surtout, qui se parent des atours du cercles savoir tandis qu’elles sont croyances. Ce qui m’intéresse c’est de connaître le mouvement de croire vers savoir. Quelles sources, quelles voix, quelles informations, quels témoignages, quels enseignements crois-je suffisamment pour qu’opère la transfiguration de mon paysage intérieur, d’un ruisseau si doux à écouter, si frais, si paisible à ce champ parfois caillouteux, ingrat lorsque je voudrais cueillir le fruit de ce qui n’est que radicule ?
Est-ce une question que vous vous posez ?
A l’ère du fact checking - ou de sa disparition -, de la post-vérité, le cercle croire semble être, lui-même, le mouvement qui rythme les sursauts de la planète, lacérant les corps et les idées. Je crois que nous avons besoin de faire apparaître ces deux cercles devant nos yeux.
Je veux croire ! Je veux savoir ! Je veux toujours décider si je crois ou si je sais.
Notre cercle de lecture ?
Petit sondage, comme prévu, pour choisir un livre à découvrir ensemble…
Jacaranda de Gaël Faye / Pour Britney de Louise Chennevière / Fin du monde et petits fours d’Edouard Morena / Le procès de Franz Kafka / Passer l’été d’Irène Gayraud.
Ce qui coule
La revue littéraire en ligne Les villes en voix me fait l’honneur de publier une création, disons une vidéo-poème. Le thème de l’appel à écriture était Fluviales.
Et parce que mon ordinateur m’a lâché, que j’ai perdu avec lui énormément de choses (beaucoup de textes (très) avancés (voir finalisés… je suis très triste là maintenant) snif ouin ouin snif), je me dis - espoir Ô espoir - que 2025 va réellement débuter le mois prochain).
Et je vous laisse à votre semaine avec une question : dites-moi une chose à laquelle vous croyez et que vous placez volontairement et fièrement dans votre cercle croire ! (je crois à la sincérité autant qu’en la poésie qui nous entoure)
Belle question ! Comment apprendre le doute et comment sortir du doute ? comment se repérer dans le réseau des croyances (réseau de pratiques, de dits, de non-dits, de lectures, de personnes) et dans celui des savoirs (fait aussi de pratiques, de lectures, d'écoute...). Les faits ne nous sont pas toujours directement accessibles (trop complexes, passés, infinitésimaux...). Il y a les fakenews, mais aussi le grand réservoir des histoires de famille...qui croit-on et comment savoir le vrai ?