Résilience
où je vous explique à quel point je me méfie de ce mot… Oui, je le regarde toujours un peu de travers car il gratte sacrément fort ! Et puis, une bonne nouvelle qui n’en est pas vraiment une.
La résilience est à la mode. Vous ne trouvez pas ? Elle est vantée, louée, donnée en exemple. IL FAUT être résilient·e. Les gens doivent être résilients, la société doit être résiliente. Les peuples aussi. Et la nature. Et les entreprises.
Résister au choc. Surmonter les traumas.
Désormais, la résilience est un attribut de la réussite. Elle est marque de puissance. Le storytelling de ce siècle passe par la résilience. Le héros est un être résilient.
Qu’en dites-vous ? Quelle perception en avez-vous ?
Le choc et le trauma deviennent des valeurs sûres. Si tu as traversé un choc traumatique, tu as l’occasion de devenir résilient·e : ce qui ne t’as pas tué te rends plus fort·e !
Dans mon édition sur l’émerveillement, je moquais les dérives du développement personnel. Ainsi en va-t-il également de la résilience. Elle est devenue, à mon sens, une injonction. Ok les chocs, OK les traumas, mais il faut s’en relever et vite. Ils sont autant d’opportunités de rebond en faisant preuve d’adaptation, d’exercer la capacité de mettre son environnement sous contrôle, de déployer sa confiance en soi.
Et bien non.
Même si ça fait de belles histoires - des rôles modèles (brrrr…) - même si ça crée de beaux business de coach en résilience - oui, ça existe, pas psychologue, psychanalyste, psychiatre non, coach - la résilience n’est pas une valeur qui permet de classer les gens. La résilience ne se décrète pas. La résilience n’est pas une obligation.
La résilience tient de l’intime. Elle peut venir. Elle peut rester tapie à l’intérieur et ne jamais se montrer. Elle peut venir puis disparaître. Elle est fragile.
Elle a bon dos la résilience. Une catastrophe, des violences ? Oh les victimes sauront être résilientes ! La bonne victime est résiliente. La mauvaise victime ne l’est pas, elle tourne en rond, ressasse, ne tourne pas la page.
Je crois que les personnes désignées comme modèles pour leur parcours fait de traumas devraient manier le storytelling de leur résilience avec beaucoup de soin et d’attention. Ok, on peut s’identifier aux chocs qu’elles ont traversé. Mais si on ne réussit pas comme elles, alors c’est qu’on a raté quelque chose, on est un·e raté·e ?
Et bien non.
Les facteurs qui impactent la capacité de se relever - ou non - sont nombreux. Les circonstances sont toujours singulières. Le temps ne se déroule pas de la même façon partout et pour tout le monde. Il n’y a pas de règles, pas d’équation infaillible.
Je nourris beaucoup de colère, pour tout vous dire, face à ce qu’on a fait de la résilience.
De la résilience aux lectures du moment
Ce mois-ci, pour muscler ma perception de ce mot devenu concept-valise-tarte-à-la-crème, je vais lire un essai qui s’intitule… « Contre la résilience », à Fukushima et ailleurs de Thierry Ribault, publié par les éditions de l’échappée.
Alors oui, j’aurai pu écrire cette lettre après l’avoir lu mais j’avais envie de partager mon sentiment, ce que je ressens vraiment, plutôt que de vous proposer la recension d’un livre. Le temps de la réflexion est néanmoins venu. J’ai hâte de le découvrir…
J’en profite pour vous dire ce que je lis en ce moment ?
Donc côté essai, ça va être ce bouquin. Côté roman, j’ai commencé il y a quelques jours « La Porte du soleil » de l’écrivain libanais Elias Khoury. Et comme je suis un triangle, côté poésie je lis « Bouche-fumier » d’Hortense Raynal.
La bonne nouvelle qui n’en est pas une ?
J’ai décidé de tenter d’être publiée dans des revues littéraires. Alors je réponds à certains appels à texte... Récemment une revue a présélectionné mon texte ! Chouette mais… PRÉ-sélectionnée seulement… 47 textes retenus parmi 348 et il n’en restera que 15 au final… réponse fin octobre. Voilà.
Sur cet espoir (vous croisez les doigts pour moi ?), je vous laisse à votre semaine.
À vite,
Mes félicitations pour la pré-selection ! Je croise les doigts pour la sélection finale !
Ohlala coach en résilience... j'étais passée à côté. Je ne savais même pas que ça existait...Curieuse d'avoir ton avis sur le livre !
Merci pour tes textes toujours inspirants 🙂