L’histoire commence jeudi. Jeudi 3 octobre, 2024. Pour que vous situiez. 11h40, rendez-vous à l’Etablissement Français du Sang pour un don de plasma. Je serrais et desserrais ma main en rythme je voyais le rouge circuler de mon bras vers la machine, ça tourne, ça bipe, ça revient et ainsi de suite.
Alors m’est revenu un texte que j’avais écrit cet été. Qu’est-ce que le monde transmet de veines en veines ? Et les miennes, qu’agitent-elles ? La poésie ne répond pas. Elle permet de déposer. Ici et maintenant. Et s’il y a un audio c’est que… je me suis amusée à en faire une chanson.
Lyrics
…et toi do you feel the same… Les mains ouvertes mes paumes vers le ciel Des lignes de vie des chemins de traverse Un continent et ses rivières Une terre un réseau racinaire Une cartographie pour généalogie Une carte presque effacée presque oubliée Et dans mes veines rien que des larmes des larmes des larmes (TER) Les mains serrées les poings vers le ciel Souvenirs Crampes Ongles enfoncés Les souvenirs comme lignes de fuite Mirages Évanescence Et dans mes veines ne coulent que des larmes des larmes des larmes (BIS) Les mains serrées prières pour soi Dessiner dans le creux tous les possibles Mille vies mille cartes mille horizons La naïveté accrochée à mon nom Les mains ouvertes mes paumes vers le ciel Et dans mes veines rien que des larmes des larmes des larmes (BIS) … et toi do you feel the same… Envisager dévisager le monde Décomposer composter ce monde Envisager dévisager le monde Décomposer composter ce monde Les mains ouvertes dans la lumière du jour Ombres chinoises Un oiseau s’envole Dans le vent son cri s’élève Dans le vent son cri se perd Et dans mes veines ne restent que des larmes des larmes des larmes (BIS) Les mains serrées le rouge est salé se dépose sur les joues et creuse et brûle mes racines Les mains ouvertes le rouge est salé inonde l’arbre des ancêtres emporte les mirages à l’horizon Car dans mes veines des larmes des larmes des larmes (TER) Qu’est-ce qu’on peint avec du rouge et du sel Qu’est-ce qu’on crée avec des veines et des larmes Qu’est-ce qui naît de plaies pas cicatrisées Qu’est-ce qui tombe d’un arbre, foudroyé Les mains ouvertes mes paumes vers le ciel Le souffle court les gestes saccadés Spasmes de veines engorgées Sous les yeux une lame de fond Prête À tout emporter Car toujours dans mes veines des larmes des larmes des larmes (BIS)
Cet objet poétique improbable n’existera que là, dans ce salon intime où tout ce qui gratte a droit au chapitre, aujourd’hui en écho à ce monde dont le sang bout d’un continent à l’autre. Le sang bout les cœurs s’assèchent. Artères ouvrant abysses le sang bout et les plaies béantes grondent. Le sang bout le ciel se trouble les nuages descendent s’approchent. Le sang bout la lumière refroidit le givre sur les peaux et nos lèvres.
Suis-je trop sombre lorsque j’écris ? Disons que ce qui me gratte est plutôt fait de nuances de noirs et de gris. Je cherche l’orange, le vert, le jaune mais mes yeux ne les voient pas.
(À vrai dire, ce n’est pas ma première tentative de pousser la chansonnette mais la deuxième. La première c’était elle…)
Elle accompagnait la sortie de mon livre un deux trois. Un texte extrait du livre et une musique composée par Sébastien Miel des groupes La Maison Tellier et Animal Triste.
Merci de m’avoir lue voire écoutée ! Je vous souhaite une belle douce et joyeuse semaine. En parlant de semaine, je vous envoie ma lettre le lundi soir. Choix totalement arbitraire. Est-ce que vous, vous avez un moment privilégié ou tout simplement plus pratique pour consacrer de votre temps pour Les mots grattent ?
(En fait je ne peux pas vous proposer 7 options de réponse…)
Bref, à vite et n’hésitez pas à m’écrire en laissant un commentaire par exemple ! Vous pouvez aussi partager cette lettre et déposer un ❤️, parce que ça fait toujours plaisir (là il y a de jolies couleurs) et que tout ça, ça me soutient.
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